Biographie
Renato Salvi est né en 1956. Diplômé de l'École Polytechnique Fédérale de Zurich en 1981, il part ensuite à Rome pour suivre les cours de restauration en monuments historiques à la Sapienza.
Renato Salvi dessine l'autoroute A16 de 1988 à 2016. La Communauté de Travail la Transjurane sera en charge de l'élaboration du dessin des ouvrages d'art uniquement de 1988 à 1998 avec F. Ruchat (Premier prix d'architecture suisse pour l'A16 en 1988).
Ouverture du bureau Salvi Architecture à Delémont en 1998. Son travail sera primé à de nombreuses reprises: Nominations à la Distinction Romande d'Architecture 2006, Prix Best Architects 07 2007, Nomination au World Architecture Festival 2008, Prix spécial Dedalo Minosse, édition 2016/2017.
Suite à l'enseignement qu'il dispense auprès du professeur Vincent Mangeat de 1997 à 1999 à l'École Polytechnique de Lausanne, il est nommé professeur invité à la chaire Cluster de l'Université de Barcelone de 1999 à 2000. Chargé de cours au Poly de Lausanne avec Professeur A. Muttoni depuis 2003.
Il est membre de la Fédération des architectes suisses (FAS) dès 2000 ainsi que de différentes commissions d'urbanisme et participe à de nombreux jurys de concours en Suisse.
L'ensemble de son travail a été exposé en 2011 à l'EPFZ.
Épilogue
Après environ trente ans, il est temps pour moi de parcourir un instant cette longue aventure qu’aura été l’A16-Transjurane.
Bien sûr, il y aura eu le rapport au paysage, ce désir profond de ne pas le bouleverser, malgré l’ampleur inévitable de la construction. Il aura été un souci permanent, une obligeance intellectuelle de tous les instants.
Il y aura eu aussi cette recherche constante d’un langage approprié, qui caractérise les ouvrages d’art et qui cherche à lui donner une identité, les réunissant en un seul élément identifiable : la Transjurane. Une recherche formelle celle-ci, difficile et ardue, à la recherche d’un équilibre dans les échelles des projets : s’ils sont trop effacés, ils paraîtront fragiles, s’ils sont trop volontaires, ils paraîtront arrogants.
Un pragmatisme nécessaire afin de répondre aux multiples exigences, qu’elles soient de l’ordre géométrique, géotechnique, technique, fonctionnelle ou autres… Pas un seul mètre cube de béton ne sera rajouté.
Mais aussi une vision « contestataire » dans le sens anti-constitutionnel, qu’on avait jadis d’une autoroute à ancrer dans une réalité quotidienne. Une question de limite donc, entre le rapport de l’imaginaire et du réel plus complexe qu’il n’y paraît : des choix en cascade à faire, des temps de chantier à respecter, des responsables et des ingénieurs à convaincre et à côtoyer. Une histoire profondément humaine de partage et de refus, aussi. Echapper à un conformisme superficiel, au risque de s’appauvrir, a été avant tout une lutte avec moi-même tout au long de ces années.
Comment se renouveler, sans trahir les premières intentions ? Comment portail après portail, trouver la juste forme à inscrire dans le paysage. Il y aura trois phases correspondant aux trois décennies de travail.
La première de 1988 à 1998, qui verra naître les centrales du Mont Terri et du Mont Russlin avec les Gripons comme point central. Ce premier tronçon officiellement en collaboration avec Madame F. Ruchat.
La deuxième de 1998 à 2008 environ, qui verront tout un ensemble de portails plus volumétriques, plus essentiels.
Et finalement, la troisième, qui verra se réunir toutes les expériences et recherches des deux phases précédentes, les portails de Courrendlin.
Comme le dit Marguerite Yourcenar lors de l’écriture de son roman Mémoires d’Hadrien : « je l’ai commencé il y plus de vingt-huit ans à une époque de la vie où l’on a des impudences et des suffisances ».
Elles auront été nécessaires pour moi aussi pour avoir l’audace de la dessiner et la force de la réaliser. Aujourd’hui, en la parcourant, elle me procure un plaisir profond, à l’exception des murs de soutènement latéraux, dépourvus de végétation si nécessaires à réduire leur impact.
Quel sera le futur de la Transjurane ?
Née dans un paysage magnifique, elle risque de se disqualifier au vu des constructions industrielles qui la jalonnent déjà : il suffirait de créer les parkings nécessaires le long de l’autoroute, de les arboriser, créant ainsi une zone tampon, lui laissant sa fluidité paysagère si difficilement acquise.
Un rêve aussi…
Je parcourrais l’A16 dans ma petit Fiat blanche, coupée 850, avec son intérieur en Skaï rouge et Fellini à mes côtés… Dans son immense manteau de fourrure, dans un brouillard épais et un silence total, il me murmura « Ma che bello ! ».
11.07.2016
Renato Salvi